La
nature du commerce avec les Européens se modifie profondément
vers 1860. L’est des États-Unis s’industrialise à un
rythme phénoménal. Les nouvelles usines sont équipées
de moteurs à vapeur qui sont reliés aux machines par
des courroies d’entraînement. C’est le cuir de bison
qui constitue le matériau le plus résistant pour confectionner
ces courroies. En outre, l’augmentation de la population dans
l’est engendre une hausse de la demande de peaux de bisons destinées à des
robes et à des manteaux de traîneaux et carrioles. Les
hardes, déjà soumises au stress, sont maintenant l’objet
d’une chasse intensive.
Les peaux de bisons sont trop lourdes et encombrantes pour être
transportées par canot et barge d’York jusqu’aux
postes de la CBH autour de la baie d’Hudson (d’où elles
pourraient être envoyées en Angleterre). Au sud, toutefois,
les bateaux à vapeur remontent le Missouri jusqu’à Fort
Benton. Dès lors, le commerce des Niitsitapi se déplace
vers le sud.
La guerre de Sécession déplace des milliers d’hommes, dont un grand nombre se retrouvent dans les plaines de l’ouest. Le territoire des Montana accueille beaucoup de ces anciens combattants, qui tirent leur subsistance de la traite des peaux de bisons. Ces commerçants transportent leurs produits dans des convois tirés par des bœufs vers les territoires britanniques, au nord, où ils se construisent des abris barricadés. Les peaux sont ensuite retournées vers Fort Benton et vers d’autres postes, puis expédiées à Saint-Louis par bateau à vapeur.
Bien que l’alcool ait toujours fait partie des produits de traite, la CBH n’en distribue souvent qu’une quantité limitée. De nombreux trafiquants américains font du whiskey leur principale monnaie d’échange. Sa concoction toxique à base d’alcool concentré est renforcée de piment, de poudre à fusil et même de strychnine. La consommation d’alcool s’accompagne d’une hausse de la violence et, bientôt, les Territoires du Nord-Ouest canadiens deviennent un lieu sans loi.
En 1873, un groupe de chasseurs de loups américains, qui veut obtenir vengeance pour un vol de chevaux, massacre un camp de Nakoda (ou Assiniboine, comme est appelée la section est des Nakoda) à Cypress Hills. La nouvelle de l’incident se répand dans l’est du Canada, provoquant l’inquiétude des hommes politiques devant un tel acte de violence et la présence de nombreux Américains dans l’ouest du pays. On décide d’instaurer la Police à cheval du Nord-Ouest, qui est détachée dans la région en 1873. L’année suivante, à leur arrivée dans le sud de l’Alberta, les policiers découvrent que la plupart des trafiquants de whiskey ont eu vent de leur venue et sont retournés dans le sud. Les policiers deviennent rapidement des agents de changement, alors que le gouvernement canadien entreprend la négociation de traités.
À propos des images (par ordre séquentiel)
:
First Whiskey Spilled [Premier whiskey répandu],
aquarelle et crayon, La Police à cheval du Nord-Ouest est
envoyée dans l’ouest pour expulser les Américains
qui font le commerce du whiskey et pour rétablir l’ordre,
1874, R.B. Nevitt. Collection du musée
Glenbow 74.7.11
Carte de l’emplacement
des postes de traite de whiskey. Ces Américains offrent surtout
comme produit de traite du naapiaohkii (whiskey), dont les effets
sur les Pieds-Noirs sont désastreux. Reproduite avec la permission
du musée Glenbow.